La spiruline : de l’or vert à l’état naturel
La spiruline est une cyanobactérie qui pousse à l’état naturel dans les eaux salées, alcalines et chaudes (5). Il existe différents types de spiruline aux caractéristiques proches. Les plus répandues et les plus étudiées sont le genre Spirulina platensis aussi appelé Arthrospira platensis et Spirulina maxima (synonyme d’Arthrospira maxima). La première des deux est également la forme que l’on retrouve le plus en France.
La spiruline a tout d’abord été catégorisée de végétal en raison de sa teneur en pigment et de sa capacité à photosynthétiser. Par la suite, elle a finalement été classée dans le règne bactérien de par sa constitution génétique, sa physiologique type (absence de noyau et présence d’une paroi cellulaire de type Gram négatif) et biochimique. Il ne s’agit donc pas d’une algue à proprement parler. La spiruline s’organise sous forme d’amas de cellules formant des filaments spiralés.
Images de contraste de phase représentatives d' Arthrospira platensis ( AP ) non fixées (6).
Vieille de 3,5 milliards d’années, la spiruline est un aliment traditionnel ancien dans certains pays comme le Tchad ou encore dans des régions telles que l’Amérique centrale et du Sud (1,4). Puis bien plus tard, dans les années 80, la production de spiruline à visée toujours alimentaire a émergé dans de nombreux pays à travers la planète. Sa production mondiale est importante. En 2010, ce n’est pas moins de 62 300 tonnes en Chine et 6 000 tonnes au Chili et 30 tonnes/an en France de spiruline qui étaient produites, selon la FAO (4). Aujourd’hui la production de spiruline n’est plus qu’alimentaire. Son intérêt est tel qu'elle a intégré de nombreuses formules de compléments alimentaires. Ainsi, il est possible de la retrouver sous forme liquide, de comprimés, de paillettes, ou en poudre. Elle sert également de colorant alimentaire et d’élément nutritif dans l’alimentation animale.
*Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.
Une composition unique
L’engouement croissant autour de la spiruline n’est pas sans raison. Son exceptionnelle composition en fait un produit au fort intérêt nutritif (2,4).
Glucides
La spiruline contient une petite part de glucides. Ces derniers représentent entre 15 à 25% de son poids sec (7). Les plus fréquents sont : des glucosannes aminés, des rhamnosannes aminés ou encore du glycogène. Elle possède également en très faible quantité des glucides simples tels que le glucose, le fructose et le saccharose. Enfin elle contient aussi des polyols comme le glycérol, le mannitol et le sorbitol.
Protéines
Ce qui a valu le succès de la spiruline, c'est sa composition en protéines. En effet, sa matière sèche en contient entre 60 et 70%. Un pourcentage supérieur à celui du soja (35%) ou du poisson (25%) (8). En plus d’être extrêmement bien digestibles (à 83 à 90%, ce qui est excellent (1)), ces protéines sont aussi composées d'une bonne association d’acides aminés, leur permettant d’être complètes. Ces derniers sont les constituants des protéines. Ils sont au nombre de 20. Parmi eux, seulement 8 sont essentiels, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas être fabriqués par le corps humain à savoir : la leucine, l’isoleucine, la méthionine, la lysine, la valine, le tryptophane, la phénylalanine et la thréonine.
Dans le règne végétal, rares sont les sources qui proposent l'ensemble de ces 8 acides aminés. La spiruline quant à elle contient la totalité d’entre eux et en quantité intéressante (47%) (4). On peut donc dire de la spiruline qu’il s’agit d’une bonne source de protéines. Néanmoins, il convient de modérer cette information. En effet, la quantité de spiruline prise par la supplémentation est assez faible et la quantité de protéines apportée ne suffise pas à combler les besoins d’une personne.
Lipides
La part de lipides dans la spiruline est assez faible. Elle est estimée entre 5.6 à 7% du poids sec (7). Niveau composition, on retrouve en majorité des acides gras tels que : de l’acide palmitique et des oméga 6 (acide linoléique, acide gamma-linolénique, acide oléique). La spiruline contient également à l’état de traces et selon les espèces de spiruline des acides gras oméga 3 (alpha-linolénique). Enfin, des lipides comme des stérols, des triterpènes pentacycliques, des hydrocarbures et des pigments, sont également présents
Vitamines
Il est bien connu que la spiruline est une mine de vitamines. Et pour cause. Elle est tout d’abord composée des vitamines du groupe B : B1, B2, B3, B5, B6, B8, B9, B12. La vitamine B12 est une vitamine essentiellement contenue dans les produits d’origine animale. A ce jour, la spiruline est la seule source végétale à en renfermer. Néanmoins, il semblerait que cette forme de vitamine B12 ne soit pas bien assimilée par l’organisme. Ce fait ne fait pas l’unanimité chez les scientifiques et anime le débat (7).
La provitamine A ou bêta carotène ainsi que les vitamines C, E, aux propriétés antioxydantes et K entrent également dans la recette de la spiruline.
Minéraux
La spiruline est certes un concentré de vitamines mais c’est sans oublier son incroyable teneur en minéraux et oligo-éléments. Parmi eux, elle compte à son actif : du calcium, du magnésium, du fer, du phosphore, du cuivre, du potassium, du chrome, du manganèse, du sélénium, du sodium, du zinc et du fluor.
Pigments
Les pigments sont des éléments qui sont responsables de la couleur de ce qu’ils composent. La spiruline de couleur bleue-verte est riche en pigments puisqu’elle en contient une quinzaine. Mais ce sont les caroténoïdes, la phycocyanine, les chlorophylles et les porphyrines qui sont les plus intéressants.
La chlorophylle donne la couleur verte et participe à la réalisation de la photosynthèse. Associée aux porphyrines, elles forment un complexe en mesure de capter les métaux lourds (1).
Quant à la phycocyanine, c’est certainement l’atout numéro 1 de la spiruline. Ce pigment détient un puissant pouvoir antioxydant permettant de protéger l’organisme des radicaux libres (9). Par ailleurs, la phycocyanine possède également une activité anti-inflammatoire et immunomodualtrice aidant l’organisme à mieux appréhender les agents pathogènes (10). </>
Enzymes
La spiruline est aussi composée d’enzymes comme par exemple la superoxyde dismutase (SOD), une enzyme à la grande capacité antioxydante.
Sa composition nutritionnelle hors pair ajoutée à sa production ne nécessitant que très peu de ressources, attribuent à la spiruline le statut de “super-aliment”.
Une petite bactérie pour une multitude de bienfaits
La spiruline est régulièrement utilisée dans l’alimentation pour sa multitude de bénéfices santé :
• Booste le système immunitaire et possède une activité antimicrobienne grâce à la présence entre autres de la phycocyanine.
• Aide à faire le plein d’énergie et à garder la forme via l’activité des vitamines du groupe B.
• Est idéale pour la récupération du sportif en raison de la présence d’antioxydants et de fer.
• Peut venir compléter l’alimentation notamment pour les végétariens et vegans.
• Détient un fort pouvoir antioxydant par la présence de la phycocyanine, des vitamines E et C ainsi que de la SOD.
• Lutte contre l’inflammation aidée par sa teneur en phycocyanine.
• Possède un effet satiétogène grâce à ses acides aminés et ses polysaccharides. Idéal pour contrôler son poids. Une action renforcée par la présence de chrome qui intervient dans le métabolisme des lipides et des glucides.
• Contient de nombreux composants (magnésium, phycocyanine, ...) qui aident à lutter contre la fatigue.
Les vertus de la spiruline sont étendues. Elle possèderait même des bienfaits pour certains troubles tels que le diabète, ou encore vis à vis de la protection du foie, du système cardiovasculaire, ou encore des articulations.
Références :
1. Isabelle Laurent. La spiruline (Spirulina platensis), de l’aliment au médicament : utilisations et conseils à l’officine. Sciences pharmaceutiques. 2019. ffhal-03297932f
2. Finamore A, Palmery M, Bensehaila S, Peluso I. Antioxidant, Immunomodulating, and Microbial-Modulating Activities of the Sustainable and Ecofriendly Spirulina. Oxid Med Cell Longev. 2017;2017:3247528. doi:10.1155/2017/3247528
3. Karkos PD, Leong SC, Karkos CD, Sivaji N, Assimakopoulos DA. Spirulina in clinical practice: evidence-based human applications. Evid Based Complement Alternat Med. 2011;2011:531053. doi:10.1093/ecam/nen058
4. ANSES. AVIS de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif aux « risques liés à la consommation de compléments alimentaires contenant de la spiruline ». Url : https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2014SA0096.pdf
5. DiNicolantonio JJ, Bhat AG, OKeefe J. Effects of spirulina on weight loss and blood lipids: a review. Open Heart. 2020;7(1):e001003. Published 2020 Mar 8. doi:10.1136/openhrt-2018-001003
6. Braune S, Krüger-Genge A, Kammerer S, Jung F, Küpper JH. Phycocyanin from Arthrospira platensis as Potential Anti-Cancer Drug: Review of In Vitro and In Vivo Studies. Life (Basel). 2021;11(2):91. Published 2021 Jan 27. doi:10.3390/life11020091
7. Falquet, J., et J.P. Hurni. 2006. "Spiruline - Aspects nutritionnels." : Antenna Technologies.
8. Loïc Charpy, Marie José Langlade et Romain Alliod. « La Spiruline peut-elle être un atout pour la santé et le développement en Afrique ? » . 2008. Institut de Recherche pour le Développement UR 167 (CYROCO)
9. Romay C, Armesto J, Remirez D, and al. Antioxidant and anti-inflammatory properties of C-phycocyanin from blue-green algae. Inflamm Res. 1998 Jan;47(1):36-41. doi: 10.1007/s000110050256. PMID: 9495584.
10. Bao XQ, Huang YC, Chen F. C-Phycocyanin Alleviates Bladder Inflammation and Dysfunction in Cyclophosphamide-Induced Cystitis in a Mouse Model by Inhibiting COX-2 and EP4. Evid Based Complement Alternat Med. 2019 Jul 29;2019:8424872. doi: 10.1155/2019/8424872. PMID: 31467580; PMCID: PMC6699264.